Naturellement présent dans certaines roches, l’amiante possède des propriétés de résistance et d’isolation qui expliquent pourquoi il a été aussi longtemps utilisé en construction. Mais ce matériau est associé à des risques importants pour la santé : des cancers notamment. Même si utiliser de l’amiante est interdit depuis 1997, certains éléments de maisons anciennes en contiennent encore. Comment savoir si c’est le cas dans votre logement, et que faut-il faire ? Les experts Ootravaux enfilent leur combinaison de protection, et vous guident à travers les étapes clés du diagnostic amiante et du désamiantage.
L'essentiel
- Longtemps plébiscité pour ses qualités d’isolation et de résistance, l’amiante est encore présent dans des maisons et immeubles bâtis avant 1997.
- Dans une maison, l’amiante ne se voit pas à l’œil nu. Le diagnostic amiante permet de confirmer sa présence dans certains éléments : toiture, tuyauterie, peintures, faux-plafonds…
- Cette évaluation est obligatoire pour toute vente d’un bien ancien. Elle est aussi recommandée pour des travaux de rénovation qui risquent de libérer des fibres d’amiante dans l’air environnant.
- Plusieurs solutions sont possibles pour protéger les occupants et l’environnement : un confinement des matériaux ou leur retrait, c’est-à-dire le désamiantage.
Qu’est-ce que l’amiante ?
L’amiante présente des propriétés naturelles qui en ont fait un matériau utilisé pendant des années en construction. Ce sont ces caractéristiques qui expliquent pourquoi il n’est pas rare d’en détecter dans les maisons ou les immeubles.
Quelles sont les caractéristiques de l’amiante ?
L’amiante est présent dans certaines roches : il s’agit d’un minéral fibreux de la famille des silicates. Ce sont les propriétés de ces fibres, naturellement isolantes et ignifuges, qui ont rendu ce matériau aussi intéressant pour la construction et les industries.
L’association entre les fibres et le ciment, le plâtre ou encore la colle permettait de renforcer la résistance à la chaleur et à la corrosion, mais également d’améliorer les performances d’isolation thermique et acoustique.
En France, il existe plusieurs gisements naturels d’amiante, notamment dans les Alpes occidentales, en Haute-Corse ou encore en Nouvelle-Calédonie. La production française a atteint un pic vers 1970, avant que l’usage du matériau ne soit de plus en plus limité à partir de 1975. Il est totalement interdit depuis le 1er janvier 1997 (décret n°96-97 du 7 février 1996).
Où risque-t-on de trouver de l’amiante dans une maison ou un immeuble ?
Vous l’avez compris : l’amiante a été très utilisé en construction, comme dans les industries (industrie automobile notamment). Ainsi, dans une maison ou un bâtiment construit avant 1997, il peut se trouver :
- Sous forme de ciment amianté dans des plaques de toiture, des gouttières, des tuyaux, des bardages, des conduits de ventilation ou des gaines électriques ;
- Dans des matériaux de sol : dalles de vinyle, carrelages ou colle à carreaux ;
- Dans des isolants : plâtres, enduits de murs, plafonds ou sous-toitures ;
- Dans des faux-plafonds et plafonds texturés, comme le plafond type « popcorn » (plaques suspendues, crépis, enduits texturés…) ;
- Dans des peintures, des mastics ou des joints d’étanchéité.
Quels sont les dangers de l’amiante dans une maison ?
La présence éventuelle d’amiante dans votre maison n’est pas à prendre à la légère ! Une exposition à l’amiante entraîne des risques importants pour la santé.
Quels effets sur la santé des occupants de la maison ?
Si l’amiante est aussi craint, c’est parce qu’il augmente significativement le risque de développer des maladies graves, parfois plusieurs dizaines d’années après l’exposition initiale. Le ministère de la Santé cite plusieurs pathologies (1) : cancer du poumon, de la plèvre (mésothéliome pleural), cancer du larynx ou de l’ovaire.
Travaux, dégradations : quelles situations présentent un risque ?
Le mot-clé, en matière de risques, est bien l’exposition. Les fibres d’amiante présentent un danger lorsqu’elles se propagent dans l’air environnant. Elles sont libérées dès lors que les matériaux sont endommagés ou détériorés. Cela se produit au fil du temps, avec l’usure naturelle du ciment, des isolants ou encore des faux-plafonds. Mais également si les matériaux sont fissurés à la suite d’un choc ou de vibrations, ou coupés, poncés et manipulés sans précautions lors de travaux de rénovation ou de démolition.
Aussi, si votre maison contient des éléments de toiture ou une gouttière en fibrociment amianté, il faut avant tout vous assurer qu’il n’y a pas de circulation des fibres dans l’air. Et comme elles sont difficilement visibles à l’œil nu, une vérification est indispensable.
Bon A SavoirLe désamiantage est-il obligatoire ? Oui, mais pas toujours ! Il est impératif d’identifier la présence ou non d’amiante dans les bâtiments construits avant le 1er juillet 1997. Désamianter devient indispensable en cas de forte concentration et lorsque les matériaux sont dégradés.
Le diagnostic amiante : ce qu’il faut savoir
Le diagnostic amiante (ou état d’amiante) confirme si l’amiante est présent ou absent dans une maison ou un bâtiment. Il détermine aussi les actions à mener selon le risque d’exposition.
En quoi consiste le diagnostic amiante ?
Cette évaluation est obligatoire lors de la vente d’un bien immobilier ancien (maison individuelle ou appartement) dont le permis de construire a été délivré avant le 1er juillet 1997. Comme le diagnostic plomb, par exemple, il fait partie des éléments qui constituent le DDT, le dossier diagnostic technique du bien.
Il existe une autre procédure : le diagnostic amiante avant travaux (DAAT), destiné à repérer l’amiante avant une rénovation ou des opérations de démolition. Il a pour objectif de protéger la santé des personnes qui vont intervenir sur le chantier : artisans, entreprises.
Bon à savoir : le diagnostic amiante est à la charge du propriétaire vendeur.
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Réalisation et durée de validité : quelle procédure pour un diagnostic amiante ?
Qui effectue le diagnostic amiante ?
Cette évaluation est obligatoirement confiée à un diagnostiqueur immobilier certifié. Le site Service-public.fr (2) répertorie les diagnostiqueurs habilités à effectuer ces recherches : ils disposent de la certification COFRAC (Comité français d’accréditation).
Quelle durée de validité ?
- Si le précédent diagnostic a été effectué avant le 1er avril 2013, il doit être renouvelé pour toute vente ou location.
- S’il a été effectué après cette date, il présente une durée de validité illimitée. Néanmoins, l’État recommande d’effectuer une nouvelle vérification après des travaux de rénovation.
- La durée de validité d’un DAAT est illimitée également. Mais les résultats de ce repérage ne sont valables que pour les travaux pour lesquels il a été effectué.
Comment se déroule un désamiantage ?
Lorsque la présence d’amiante est confirmée dans un bâtiment dont vous êtes propriétaire, il vous faut envisager un désamiantage… ou au minimum une surveillance et un confinement des matériaux. Voici les obligations et étapes à retenir.
Quand faut-il désamianter ?
L’évaluation du diagnostiqueur identifie plusieurs niveaux d’exposition en fonction des matériaux et de leur état. Certains éléments sont particulièrement surveillés parce qu’ils risquent de libérer des fibres du seul fait de leur vieillissement. Il s’agit des faux plafonds, des calorifugeages et des flocages : ils sont classés en liste A selon le Code de la santé publique (3).
Il existe plusieurs procédures :
- Les matériaux sont en bon état de conservation : le désamiantage n’est pas obligatoire. En revanche, un suivi régulier doit être mis en place (tous les 3 ans pour les matériaux en classe A). Le diagnostiqueur peut recommander des mesures d’encapsulage (confinement).
- Les matériaux présentent un risque de dégradation : une mesure d’empoussièrement peut être recommandée pour vérifier la concentration de fibres dans l’air.
- Les matériaux amiantés présentent une dégradation : il est obligatoire de les retirer ou de les confiner. Ces travaux doivent être effectués dans un délai maximum de 36 mois et des mesures conservatoires doivent être assurées, afin que le niveau d’empoussièrement ne dépasse pas 5 fibres par litre d’air.
Quelles sont les étapes d’un désamiantage ?
Cette opération est effectuée de manière à protéger la santé des spécialistes qui interviennent. Il faut en effet éviter la dispersion des fibres dans l’air au cours de ces travaux !
Établir le plan de retrait ou de confinement
L’entreprise définit les mesures de sécurité et décrit les opérations en détail : équipements de protection utilisé, procédures de décontamination, mesures de gestion des déchets…
Installer le chantier et mettre en place des zones de confinement
Une zone de confinement est installée autour des matériaux à traiter : bâches de protection, sas d’accès… Le respect de cette zone garantit que les fibres d’amiante ne se dispersent pas.
Retirer et confiner l’amiante
Les matériaux contenant de l’amiante sont retirés le plus souvent manuellement, pour limiter la poussière. Ils sont collectés et conservés dans des sacs étanches. Ils peuvent également être recouverts d’un produit d’encapsulation (de confinement) pour éviter leur dégradation.
Contrôler et éliminer les déchets
Les sacs étanches contenant les déchets d’amiante sont transportés vers des centres agréés pour y être éliminés. Leur traçabilité est garantie par un bordereau de suivi des déchets d’amiante (BSDA).
Nettoyage du chantier et contrôle de la qualité de l’air
Après la collecte des déchets, les surfaces sont nettoyées pour éviter toute dispersion de poussière. Un contrôle de l’air est réalisé pour s’assurer que le seuil de présence d’amiante ne dépasse pas 5 fibres par litre d’air.
Désamianter soi-même ou faire appel à un professionnel ?
Vous l’avez compris : l’amiante est un matériau dangereux et il doit être enlevé dès lors qu’il présente un risque avéré pour les occupants d’une maison. Néanmoins, il est fortement déconseillé de désamianter soi-même.
Pourquoi il n’est pas recommandé de désamianter soi-même
On l’a dit, l’amiante devient dangereux lorsque les fibres se détachent et sont inhalées. Cela se produit lorsque le matériau a vieilli, ou lorsqu’il est détruit lors du retrait. Aussi, la zone de travail doit être mise en confinement pour empêcher toute dispersion. Cela nécessite du matériel adéquat et des équipements de protection coûteux.
Après un chantier de désamiantage, un contrôle est effectué pour vérifier la concentration des fibres dans l’air. Cette mesure est effectuée par un organisme certifié. La gestion des déchets amiantés est encadrée : leur traçabilité doit être assurée dans des sacs étanches jusqu’à leur traitement dans des centres agréés. Et là aussi, cette démarche est peu accessible au grand public.
Dans quels cas faire appel à un professionnel ?
Privilégiez l’intervention d’un spécialiste dès lors que :
- Les matériaux sont friables ou abîmés (flocages, calorifugeages ou faux plafonds) et qu’ils sont encore plus susceptibles de libérer des fibres d’amiante ;
- Le diagnostic amiante impose de prendre des mesures d’encapsulation et de retrait ;
- Les travaux risquent de générer des déchets amiantés, afin d’assurer la collecte de ces derniers et leur traitement en toute sécurité.
Comment trouver une entreprise certifiée pour le désamiantage ?
Les entreprises qualifiées pour désamianter une maison ou un bâtiment doivent disposer des certifications adéquates. Ootravaux vous guide pour trouver les bons professionnels !
- Seuls les professionnels accrédités par le COFRAC (Comité français d’accréditation) sont aptes à intervenir sur un chantier de désamiantage. Il existe trois certifications : Qualibat 1552, Afnor et Global. Ces certifications garantissent que les professionnels respectent les normes de sécurité, de gestion des risques et de traitement des déchets.
- Vous pouvez identifier des professionnels près de chez vous en consultant les annuaires de chacun de ces organismes.
(1) Ministère de la Santé et de l’accès aux soins
(2) Service-public.fr – outil de recherche d’un diagnostiqueur immobilier
(3) Code de la santé publique