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Vous êtes locataire et le propriétaire du logement que vous occupez souhaite engager de gros travaux ? Ces travaux peuvent perturber votre quotidien. Dans ce contexte, le propriétaire et le locataire ont chacun leurs devoirs et responsabilités. 

Par qui les gros travaux doivent-ils être réalisés dans un logement en location ? Quels sont les droits et obligations du locataire dans le cadre d'un contrat de bail ? Et dans quels cas le locataire peut-il forcer la réalisation de ces travaux ou les effectuer lui-même ? Nous faisons le point sur les droits du locataire en cas de gros travaux.

L'essentiel
  • Le locataire a droit à une information préalable sur les travaux prévus, incluant leur nature, leur durée et l’impact.
  • Le logement doit rester décent et habitable pendant les travaux. Si ce n'est pas le cas, une réduction de loyer peut s'appliquer.
  • Le propriétaire doit respecter la tranquillité du locataire et peut être tenu de le reloger temporairement si nécessaire.
  • Certains travaux d'amélioration peuvent être refusés par le locataire, sauf s'ils concernent l'efficacité énergétique.
  • En cas de litige, la communication et la négociation sont à privilégier avant d'envisager des recours juridiques.

Définition des gros travaux

Avant d'aborder les droits spécifiques, il est essentiel de comprendre ce que l'on entend par "gros travaux". Les gros travaux se caractérisent par des interventions importantes qui affectent significativement l'habitabilité du logement ou ses éléments essentiels. Contrairement aux travaux d'entretien courant, ils impliquent généralement des modifications substantielles ou des rénovations majeures. Voici quelques exemples :

  • La réfection complète de la toiture : Inclus le remplacement total des tuiles, de la charpente ou l'ajout d'une isolation thermique.
  • Le ravalement de façade : Il s'agit d'une opération d'envergure qui va au-delà d'un simple nettoyage, impliquant souvent des réparations structurelles et une nouvelle finition.
  • La rénovation du système de chauffage : Concerne le remplacement complet de la chaudière, l'installation d'un nouveau type de chauffage (pompe à chaleur, géothermie), ou la réfection du réseau de distribution.
  • La mise aux normes électriques : Nécessite le remplacement intégral du réseau électrique du logement pour le conformer aux normes de sécurité actuelles.
  • Le remplacement des fenêtres : Il s'agit d'une opération globale visant à améliorer l'isolation thermique et phonique du logement.
  • La réfection complète de la plomberie : Implique le remplacement de toutes les canalisations et l'installation de nouveaux équipements sanitaires.
  • L'installation d'un ascenseur : Dans un immeuble qui n'en possédait pas, c'est un exemple de gros travaux d'amélioration des parties communes.

Ces travaux se distinguent de l'entretien courant par plusieurs aspects :

  • Leur ampleur : ils concernent une grande partie du logement ou un élément essentiel.
  • Leur durée : ils s'étendent souvent sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
  • Leur coût : ils représentent un investissement significatif pour le propriétaire.
  • Leur impact : ils modifient substantiellement les caractéristiques ou le confort du logement.

Les gros travaux relèvent de la responsabilité du propriétaire et non du locataire. C'est au bailleur qu'incombe l'obligation de maintenir le logement en bon état et de le mettre aux normes si nécessaire. Le locataire, quant à lui, n'est tenu qu'aux réparations locatives et à l'entretien courant du logement.

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Le droit à l'information préalable

Obligation d'information du bailleur

Le propriétaire a l'obligation légale d'informer le locataire de la nature et des modalités d'exécution des travaux prévus. Cette information doit être transmise par écrit au moins 6 mois avant le début des travaux, sauf en cas d'urgence. Le document doit préciser :

  • La nature des travaux ;
  • Les modalités de leur exécution ;
  • Leur durée estimée ;
  • Leur impact sur le loyer le cas échéant.

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Cas des travaux urgents

Bien que le principe général soit d'informer le locataire bien à l'avance des travaux prévus, il existe des situations où l'urgence prime. Pour les travaux urgents, le délai de prévenance habituel de 6 mois peut être réduit.

Ces travaux urgents concernent généralement des situations qui mettent en danger la sécurité des occupants ou l'intégrité du bâtiment. On peut citer par exemple :

  • Une fuite d'eau importante ;
  • Un effondrement partiel de la structure ;
  • Un problème électrique majeur présentant un risque d'incendie ;
  • Une défaillance du système de chauffage en plein hiver.

Dans ces cas, le bailleur doit tout de même informer le locataire dans les plus brefs délais, idéalement par écrit (email, SMS, ou courrier remis en main propre). Cette information doit comprendre :

  • La nature des travaux à effectuer ;
  • La justification du caractère urgent de l'intervention ;
  • La durée estimée des travaux ;
  • Les mesures prises pour minimiser la gêne occasionnée.

Même en cas d'urgence, le propriétaire ne peut pas s'introduire dans le logement sans l'accord du locataire, sauf en cas de péril imminent. La coopération du locataire reste donc essentielle pour permettre une intervention rapide et efficace.

Quand un locataire peut-il forcer un propriétaire à réaliser de gros travaux ?

Dans certains cas, un locataire peut exiger que le propriétaire réalise des travaux pour maintenir le logement en bon état. Cela est particulièrement vrai si le logement devient insalubre ou dangereux. Le locataire peut forcer le propriétaire à effectuer des travaux dans les cas suivants :

  • Non-conformité du logement aux normes de décence : Si le logement ne répond plus aux critères de décence (problèmes d'humidité, chauffage défectueux, etc.), le locataire peut exiger des travaux.
  • Risques pour la sécurité : Si des éléments du logement présentent un danger (fuites d’eau importantes, risques électriques), le propriétaire est tenu d’intervenir rapidement.
  • Dégradation du confort minimal : Si des équipements essentiels comme le chauffage ou l'eau chaude ne fonctionnent plus, le propriétaire doit agir.

Si le propriétaire ne réagit pas à la demande du locataire, ce dernier peut saisir la justice pour obtenir une ordonnance obligeant le propriétaire à réaliser les travaux nécessaires.

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Le droit au maintien dans les lieux

Principe général

En règle générale, le locataire bénéficie du droit de se maintenir dans les lieux pendant la durée des travaux. Ce droit fondamental découle du contrat de bail qui lie le locataire au propriétaire. Ainsi, même en cas de gros travaux :

  • Le bail n'est pas suspendu ;
  • Le locataire continue d'occuper le logement ;
  • Le paiement du loyer reste dû.

Ce principe vise à protéger le locataire et à garantir la stabilité de son logement, même en période de travaux.

Obligations du propriétaire en cas d'évacuation

Dans les situations exceptionnelles où le maintien dans les lieux n'est pas possible, le propriétaire a des obligations envers le locataire :

  • Proposition de relogement : Le bailleur doit proposer une solution de relogement temporaire adaptée aux besoins du locataire (taille du logement, proximité du lieu de travail, etc.).
  • Prise en charge des frais : Les frais liés à ce relogement temporaire (déménagement, loyer du logement temporaire) sont à la charge du propriétaire.
  • Durée limitée : L'évacuation doit être limitée à la durée strictement nécessaire à la réalisation des travaux.
  • Droit de retour : Le locataire a le droit de réintégrer son logement dès la fin des travaux.

Ces exceptions doivent être justifiées et documentées par le propriétaire. En cas de désaccord, le locataire peut contester la nécessité de l'évacuation devant les instances compétentes.

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Le droit à une réduction de loyer

Conditions d'obtention

Si les travaux durent plus de 21 jours et affectent l'usage normal du logement, le locataire peut demander une réduction de loyer proportionnelle à la gêne subie. Cette réduction n'est pas automatique et doit être négociée avec le propriétaire.

Calcul de la réduction

Le montant de la réduction dépend de plusieurs facteurs :

  • La durée des travaux ;
  • L'ampleur de la gêne occasionnée ;
  • La surface affectée par les travaux.

Il n'existe pas de barème officiel, mais la jurisprudence tend à accorder des réductions allant de 10% à 50% du loyer selon les cas.

Un locataire peut-il faire des travaux d'amélioration sans autorisation ?

En principe, un locataire ne peut pas entreprendre de gros travaux d'amélioration dans le logement sans l'accord du propriétaire. Toutefois, il existe des exceptions :

  • Travaux d’aménagement légers : Le locataire peut réaliser des travaux légers, comme repeindre les murs ou changer les revêtements de sol, sans autorisation, à condition de remettre le logement dans son état initial en fin de bail.
  • Travaux nécessaires en cas de défaut du propriétaire : Si le propriétaire refuse d'effectuer des travaux essentiels, le locataire peut, après mise en demeure infructueuse, faire réaliser les travaux à ses frais et demander un remboursement, sous réserve d'une autorisation judiciaire.

Toute modification structurelle (abattre une cloison, remplacer les fenêtres) nécessite l'accord écrit du propriétaire. Si le locataire effectue ces travaux sans autorisation, le propriétaire peut exiger la remise en état ou conserver les améliorations sans indemnisation à la fin du bail.

Le droit de refuser certains travaux

Travaux d'amélioration

Le locataire peut refuser les travaux d'amélioration qui ne sont pas indispensables au maintien en l'état du logement ou à sa mise aux normes. Ce droit de refus s'applique notamment aux travaux qui visent uniquement à augmenter le confort ou la valeur du bien. Par exemple :

  • La pose de parquet à la place d'un revêtement existant en bon état ;
  • L'ajout d'équipements de domotique non essentiels.

Cependant, il existe une exception majeure à ce droit de refus : les travaux d'amélioration énergétique. En effet, face aux enjeux environnementaux actuels, la loi autorise le propriétaire à imposer certains travaux visant à améliorer la performance énergétique du logement, même si le locataire y est initialement opposé.

Travaux abusifs ou vexatoires

Le locataire dispose également du droit de s'opposer à des travaux jugés abusifs ou vexatoires. Ces termes désignent des interventions qui :

  • N'ont pas de réelle utilité pour le logement ;
  • Visent à perturber la jouissance paisible du locataire ;
  • Ont pour objectif implicite de pousser le locataire à quitter les lieux.
Bon A Savoir

Il est recommandé au locataire de documenter soigneusement toute situation qu'il estime abusive (photos, correspondances, témoignages) afin de pouvoir étayer sa position en cas de procédure judiciaire.

Le droit à l'indemnisation

Préjudices indemnisables

Si les travaux causent un préjudice au locataire, celui-ci peut demander une indemnisation. Les préjudices indemnisables peuvent inclure :

  • Les dégradations de biens personnels
  • Les frais de garde-meubles
  • Les frais de déménagement temporaire
  • La perte de jouissance du logement

Procédure d'indemnisation

Pour obtenir une indemnisation, le locataire doit :

  1. Documenter les préjudices subis (photos, factures, etc.) ;
  2. Adresser une demande écrite au propriétaire ;
  3. En cas de refus, saisir le tribunal judiciaire.

Il est recommandé de privilégier une résolution amiable avant d'entamer une procédure judiciaire.

Le droit de résilier le bail

Conditions de résiliation

Dans certains cas, les travaux peuvent justifier la résiliation du bail par le locataire. C'est notamment le cas si :

  • Les travaux rendent le logement inhabitable pendant une longue période ;
  • Les travaux modifient substantiellement les caractéristiques du logement  ;
  • Le propriétaire ne respecte pas ses obligations légales concernant les travaux.

Modalités de résiliation

Pour résilier le bail, le locataire doit :

  1. Adresser une lettre recommandée avec accusé de réception au propriétaire ;
  2. Respecter le préavis légal (généralement 1 mois) ;
  3. Justifier le motif de la résiliation.

La résiliation pour travaux n'entraîne pas de pénalités pour le locataire.

Tableau récapitulatif : travaux, qui paie quoi ?

Type de travaux

À la charge du propriétaire

À la charge du locataire

Entretien courant (peinture, petits travaux)

Non

Oui

Gros travaux (toiture, ravalement, chauffage)

Oui

Non

Mise aux normes (électricité, plomberie)

Oui

Non

Travaux d'amélioration (sans accord du propriétaire)

Non

Oui

Travaux d'amélioration (avec accord du propriétaire)

Oui

Non

Comment entretenir une bonne relation avec son locataire ?

Maintenir une bonne relation entre propriétaire et locataire est essentiel, surtout lors de gros travaux. Voici quelques conseils pour y parvenir :

  • Communication transparente : Informez votre locataire des travaux à venir dès que possible, en expliquant les raisons et les bénéfices des interventions.
  • Respect des engagements : Respectez les délais annoncés pour le début et la fin des travaux, ainsi que les horaires convenus pour minimiser les désagréments.
  • Compensation des désagréments : Envisagez une réduction de loyer ou un geste commercial pour compenser les inconvénients causés par les travaux.

En suivant ces conseils, vous facilitez la réalisation des travaux et favorisez une relation harmonieuse avec votre locataire.

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