Si les poêles à granulés connaissent un succès flamboyant pour chauffer les habitations, les poêles à bûches n’ont pas dit leur dernier mot. Mais faire le bon choix de poêle nécessite de s’intéresser à ses critères techniques : puissance, rendement, matériau.
Pour y voir plus clair et éviter les embûches, Ootravaux a fait appel à Jonathan Pinto, cogérant chez Instant Poêles et Cheminées By Pinto, à Dracy-le-Fort, en Saône-et-Loire.
Où installer votre futur poêle ? Quelle puissance pour quelle surface ? Plutôt fonte ou acier ? Et en matière de bois, est-ce la taille qui compte ? Jonathan répond à toutes nos questions, sans langue de bois… pour vous aider à faire le bon choix !
Les prérequis à l'installation d'un poêle à bûches
Ootravaux : La présence d’un conduit de fumées est-elle obligatoire ?
Jonathan Pinto : S’il n’y a aucun prérequis quant à la présence de conduits - car nous réalisons des installations complètes (appareil et fumisterie) -, l'installation d’un poêle est très réglementée. Des normes régies par le DTU doivent être respectées sur les notions de tubage, raccordement, règles de dévoiement, distances de sécurité.
Le temps d’installation d’un poêle va dépendre des contraintes techniques de votre habitation. Si l’on traverse d'autres pièces habitables, des caissons devront être créés pour protéger les conduits et les occupants. En revanche, si le conduit passe par des combles perdus, rien de plus simple ! L’installation d’un poêle à bois peut être réalisée en une journée.
Bon A SavoirLa fumisterie se divise en deux grandes parties : le conduit de raccordement, présent dans la pièce ou se trouve le poêle et le conduit de fumée qui traverse les combles et en sortie de toiture.
Comment choisir l’emplacement de mon futur poêle à bûches ?
Il est important de rappeler qu’un poêle à bois reste un chauffage d’agrément. Il ne s’agit pas d’un chauffage central mais bien d’un chauffage d’appoint qui vient en complément de radiateurs électriques ou d’une pompe à chaleur, par exemple. Pour ces raisons, le poêle à bois est la plupart du temps installé dans la pièce de vie.
Concrètement l’emplacement est déterminé par plusieurs critères :
- les distances de sécurité à respecter avec le reste du mobilier, la circulation doit être fluide ;
- la dimension esthétique du poêle et pouvoir profiter visuellement d’une jolie flambée ;
- la contrainte technique : la sortie de toiture guide l’emplacement du poêle.
La différence entre puissance et rendement
Comment déterminer la puissance de chauffe nécessaire ?
Un calcul de déperdition doit être réalisé comme pour tout autre équipement de chauffage, en fonction des parois, de l’isolation et du volume de la pièce. La puissance de chauffe s’exprime en kW (kilowatt). Pour vous donner un ordre d’idée, les nouveaux appareils offrent une plage de puissance pouvant varier de 4 à 9 kW par exemple.
Pour déterminer la puissance de chauffe, comptez en moyenne 1 kW pour 10 m2 pour une habitation standardisée c'est-à-dire avec une isolation moyenne, pour une hauteur standard.
Qu’est-ce qu’un bon rendement ?
Le rendement, c’est le rapport entre l’énergie restituée (la chaleur) et l’énergie consommée par le bois. Plus simplement, c’est la capacité du poêle à restituer l’énergie. Il est exprimé en pourcentage. Plus le rendement est élevé, plus le poêle produit de la chaleur en brûlant moins de combustible. Tous les appareils que nous proposons offrent un rendement supérieur à 80% mais un bon appareil démarre à 70 / 75 % de rendement pour 1 kW restitué.
Pour vous assurer de la qualité d’un poêle à bûches, et de sa performance, vous pouvez vous fier au label français Flamme verte 7 étoiles. Depuis janvier 2022, la norme européenne Eco design 2022, impose elle aussi certains critères de qualité et de respect de l'environnement aux fabricants.
Le meilleur matériau de fabrication
Vous conseillez plutôt la fonte ou l'acier ?
Matériau traditionnel du poêle, la fonte n’a plus trop le vent en poupe. C’est un matériau très lourd qui offre certes une plus grande inertie mais qui nécessite de chauffer plus longtemps.
Aujourd’hui, la tendance est plutôt à l’acier (près de 95% de nos ventes concernent l’acier). Plus léger, l’acier permet des design variés et une restitution de la chaleur plus rapide.
Vous trouverez également des appareils mixant les matériaux : structure en acier et fond de l’appareil en béton céramique. C’est l’habillage intérieur de la chambre de combustion qui va accumuler la chaleur.
De quel bois on se chauffe !
Quelle essence de bois doit-on privilégier ?
Pour un poêle à bois, nous conseillons l’utilisation de bois durs type chêne, frêne, charme, hêtre… qui brûlent plus lentement offrant ainsi un fort pouvoir calorifique. A bannir : tous les bois résineux comme le pin, le cèdre, le sapin, qui montent très vite en température et qui auront tendance à déformer l’appareil.
Concernant la qualité du bois, c’est le taux d’humidité qui est primordial. Il est nécessaire d’utiliser du bois bien sec pour votre poêle. Un taux d'humidité excessif entraîne une mauvaise combustion et encrasse l’appareil. Il est conseillé d’utiliser un bois avec un taux d’humidité inférieur à 20 %. Astuce : si vous avez un doute, munissez-vous d’un testeur d’humidité pour bois, trouvable en magasin de bricolage. Cet appareil vous permettra de déterminer, avec précision, le taux d'humidité contenu dans le bois de votre maison.
Bon A Savoir
- Après la coupe, le bois vert a un taux de 40 à 50 % d’humidité ;
- Entre 6 et 18 mois après, le bois demi sec va de 30 à 40 % d’humidité ;
- Entre 18 mois et 3 ans après, on obtient un bois sec entre 15 et 25 % d’humidité.
La taille compte ! On trouve généralement des bûches de 25 cm, de 33 cm et de 50 cm. Nous conseillons les petites tailles de 25 / 30 cm, plus faciles à enflammer tout en faisant de grandes flammes, évitant ainsi l’ouverture du foyer à maintes reprises. Un rappel important : ouvrir le foyer refroidit la chambre de combustion, or il est important de maintenir celle-ci à température optimale pour un meilleur rendement. Dernier conseil, respecter les consignes du fabricant : inutile de mettre 25 bûches dans votre poêle !
Combien coûte le bois de chauffage ?
Côté prix, pour une stère de bois, comptez un minimum de 60 euros et jusqu’à 180 euros (pour les bois étuvés, écorcés). Pour vous assurer de la fiabilité du fournisseur et éviter les arnaques, méfiez-vous des offres trop alléchantes aux prix trop bas et orientez-vous vers des revendeurs spécialisés et locaux.
Secrets pour entretenir la flamme
L’entretien d'un poêle à bûches porte essentiellement sur le conduit de fumée pour éviter tout risque d'incendie. Effectuez un ramonage 1 à 2 fois par an (selon les régions), idéalement avant la période de chauffe (pour éviter les nids d’oiseau) et au milieu.
Côté utilisateur, des éléments essentiels favorisent la performance du poêle :
- l’arrivée d’air pour la qualité de la combustion,
- la qualité de bois (essence et taux d'humidité)
- le respect des consignes du fabricant quant à l’utilisation.
L'interview touche à sa fin, vous êtes désormais tout feu tout flamme… pour faire le bon choix d’équipement ! Ootravaux remercie Jonathan Pinto pour cet échange de qualité. Retrouvez l’actualité et toutes les nouveautés de Instant Poêles et Cheminées by Pinto sur le compte facebook.
Les conseils de Jonathan
Instant Poêles et Cheminées By Pinto
- L’installation d’un poêle à bois est régie par des documents techniques unifiés (DTU) qui fixent les règles à respecter en termes d’emplacement, de pose et de distances à respecter.
- Pour déterminer la puissance de chauffe, comptez en moyenne 1 kW pour 10 m2 pour une habitation standardisée, c'est-à-dire avec une isolation moyenne.
- Les poêles en acier - plus légers que ceux en fonte - permettent des design variés et une restitution de la chaleur plus rapide.
- Pour le bois, bannissez les résineux qui encrassent les appareils, et privilégiez les bois durs.
