Feuilles mortes, tontes, épluchures, restes de taille d’arbre… Saviez-vous que ces déchets sont la clé d’un jardin fertile et en bonne santé ? Recouvrez le sol de ces débris naturels et vous obtenez une protection contre les intempéries, qui se transformera ensuite en humus nutritif pour les végétaux : c’est ce qu’on appelle le paillage. Ootravaux vous livre tous ses conseils pour pailler efficacement votre jardin.
Les avantages du paillage dans le jardin
Dans la nature, le sol n’est jamais à nu, mais couvert de débris organiques qui protègent la terre et aident au développement des végétaux. Pailler, c’est reproduire cette couche protectrice dans votre jardin, pour offrir les mêmes bénéfices à vos plantations. Et vous allez voir, ils sont nombreux !
Les bienfaits pour le sol
En augmentant le taux d’humus (*), un paillis fait de matières organiques rend le sol plus souple, plus aéré, et plus facile à travailler. Il favorise le développement des micro-organismes, ce qui permet aux plantes d’absorber plus d’éléments nutritifs.
Le paillage forme aussi un bouclier contre les aléas climatiques. La pluie, en ruisselant, emporte souvent avec elle une partie de la couche fertile du sol : le paillage ralentit la vitesse de ruissellement et retient les particules de cette couche.
De plus, sur les sols argileux, il limite le phénomène de battance : tassement de la terre suite aux averses, qui cause la formation d’une croûte dure. Cette “croûte de battance” réduit les échanges gazeux, car l’oxygène y pénètre moins, et le gaz carbonique est plus difficilement évacué. Cela empêche une bonne respiration racinaire et nuit au développement des plantes.
Les bienfaits pour les plantes
Pailler favorise le travail des micro-organismes présents dans le sol, en régulant la température, l’humidité et la concentration en composés organiques. Résultat : ces micro-organismes produisent plus d’engrais et d’amendements naturels pour les plantes. La biodiversité aussi est favorisée : les prédateurs naturels des nuisibles et les insectes pollinisateurs y trouveront refuge.
Par ailleurs, le paillis protège les plantes des attaques de parasites et des maladies. Lors des fortes pluies, il forme une barrière entre le sol et les gouttes d’eau. Ces dernières, en ricochant directement sur le sol nu pourraient répandre des spores de champignons porteurs, par exemple, de mildiou ou d’oïdium.
Enfin, le paillage protège les racines du gel en hiver.
Les bienfaits pour vous !
Pailler permet de diminuer l’entretien nécessaire à votre jardin : selon l’Ademe, 30 minutes de paillage, c’est 5 heures de moins à jardiner (1).
Le paillage absorbe l’eau et limite son évaporation, garantissant un sol humide plus longtemps. Vous pouvez ainsi espacer les arrosages. Il empêche aussi la lumière d’atteindre la surface du sol, ce qui empêche la germination et le développement des mauvaises herbes.
Quels matériaux utiliser pour pailler votre jardin ?
Les paillis organiques
Ce type de paillage, composé d’éléments végétaux, est le plus courant. Il en existe deux types selon les besoins de votre jardin :
- les paillis à longue durée de vie : les copeaux de bois, les coques de noix et de noisettes, les tailles de haies et d’arbres… Leur dégradation peut durer plus d’un an, ils sont donc à utiliser principalement pour les plantes pérennes comme les arbres, arbustes et les massifs de vivaces. Bien que peu nourriciers, ils structurent durablement le sol.
- les paillis à courte durée de vie : les épluchures, les feuilles mortes, les tontes de gazon, les fougères… se dégradent en quelques semaines, et s’incorporent donc rapidement dans la terre. Ils sont donc particulièrement utiles pour les végétaux à cycle de vie court, bien qu’ils conviennent à tous types de plantes.
AttentionCertains débris végétaux sont à éviter lorsqu’il s’agit de pailler. Les feuilles des arbustes persistants et des thuyas se dégradent difficilement et peuvent libérer des substances toxiques. Les aiguilles et écorces de pins acidifient le sol et peuvent entraîner des carences pour les plantes. Réservez les aux pieds de plantes de terre de bruyère. Enfin, les mauvaises herbes montées en graine sont déconseillées car elles risquent de repousser.
Les paillis minéraux
On emploie couramment la pouzzolane, une roche issue de l’activité volcanique, riche en silice et bon isolant thermique, pour pailler. Vous pouvez aussi utiliser des billes d’argile, des débris de poterie, ou certains restes de votre alimentation comme les coquilles d’huitre ou de moule.
La durée de vie des minéraux est pratiquement infinie car ils ne sont pas biodégradables. Les paillis minéraux sont conseillés pour le paillage des plantes aimant la chaleur, comme les plantes de rocaille, car ils contribuent au réchauffement du sol. De plus, certains paillis minéraux ont un effet décoratif.
Les paillis plastiques et textiles
Ce type de paillis s’applique sous forme de toile tendue sur le sol. Il permet aussi de retenir la terre des talus pentus ou des berges d’un plan d’eau. Néanmoins, ils ne nourriront pas le sol de matière organique, et n’auront donc pas d’impact sur la production d’humus ou d’engrais naturel. Par ailleurs, les films plastiques, ainsi que certains textiles, sont le plus souvent peu esthétiques et non biodégradables.
Comment bien pailler ?
Où mettre du paillage dans le jardin ?
Le paillage peut-être appliqué un peu partout dans votre jardin : entre les rangs du potager, au verger, au pied des haies et des arbustes, dans les massifs floraux, et même dans les jardinières et pots de fleurs.
Quel est le bon moment pour pailler ?
Vos cultures bénéficieront particulièrement du paillage aux périodes suivantes :
- en début de saison de culture, quand les graines sont bien germées ;
- en été pendant les grosses chaleurs, en répandant le paillis sur sol humide ;
- en automne pour protéger les plantes du froid pendant l’hiver et rendre le sol plus fertile au printemps.
Choisissez un jour propice : sans vent fort qui ferait s’envoler le paillis, ni gel, car pailler freinerait le réchauffement du sol.
Au contraire, à certaines périodes, il faut retirer les paillages :
- au potager, au début du printemps pour que le sol se réchauffe plus rapidement, et pour éviter la prolifération des parasites ;
- au jardin d’agrément, si vous prévoyez des plantations, pour que le paillage ne soit pas au contact des racines ;
- lorsque vous réalisez des semis : écartez alors le paillis pour qu’il ne gêne pas leur levée, en faisant attention à ne pas l’enfouir.
Le paillage étape par étape
Vous avez choisi votre type de paillis et le moment est idéal ? Suivez le guide pour un paillage réussi !
- Avant de mettre vos débris en place, commencez par préparer votre sol. Pour que le paillage soit efficace, il faut bien désherber votre jardin : le paillis n’empêchera pas la pousse des vivaces indésirables (pissenlit, chiendent, liseron…), assurez-vous donc de bien les éliminer, racines et rhizomes compris.
- Faites si possible, un léger apport de compost, particulièrement si vous paillez avec des copeaux de bois. Binez un peu autour de vos végétaux pour décompacter la terre. Enfin, n’oubliez pas d’arroser.
- Votre sol est prêt à recevoir le paillage : répandez-le en formant une couche de 3 à 5 cm (jusqu’à 7 cm pour les feuilles mortes). N’enfouissez surtout pas le paillis, et ne recouvrez pas la base des plantes.
- Pour finir, arrosez une nouvelle fois vos plantations.
Au fil du temps, le paillage va se transformer en humus et perdre en épaisseur, rajoutez donc quelques centimètres régulièrement.
Les erreurs à ne pas faire quand on paille
Pour que votre jardin jouisse vraiment des bienfaits du paillage, voici quelques erreurs à ne pas commettre :
- Enfouir le paillis dans la terre : sous terre, les débris fermentent et attirent des nuisibles comme les vers blancs et les larves de taupins. De plus, ils risquent de provoquer une faim d’azote (2). Ce phénomène se produit lorsque les micro-organismes dans la terre mobilisent trop l’azote présent dans le sol pour décomposer les matières organiques (le paillis). Il n’en reste alors plus assez pour les plantes, qui deviendront chétives, avec un feuillage jauni.
- Placer le paillage trop près du collet : ce point de séparation entre la tige et les racines doit être laissé à l’air libre pour ne pas étouffer.
- Utiliser des débris de végétaux malades sur des plantes de la même espèce : le risque de contamination est élevé ! Soyez vigilant lorsque vous paillez, et utilisez plutôt les végétaux malades sur des plantes d’autres espèces. Par exemple, il est sans danger d’utiliser les légumes abîmés pour les massifs floraux ou les feuilles malades d’arbres fruitiers au potager.
- Faire un paillage trop épais : cela risque d’attirer les rongeurs. Veillez à ne pas dépasser 3 à 5 cm d’épaisseur et à bien retirer une partie du paillis en hiver.
- Utiliser des débris humides et peu aérés : ce type de paillage (par exemple, tonte fraîche ou déchets de légumes frais) attire parfois les limaces et peut asphyxier les racines. Préférez donc des déchets secs et aérés, ou faites sécher vos débris quelques jours avant de les utiliser. Et si vous stockez votre paillis quelque temps, placez-le à l’abri des intempéries, bien au sec, étalé sur une bâche ou dans un contenant percé de petits trous d’aération.
GlossaireCertains termes techniques de cet article vous semblent complexes ? Pas de panique ! Ootravaux vous propose un glossaire clair et concis pour tout comprendre et faire les meilleurs choix.
Humus : couche supérieure du sol provenant de la décomposition de débris organiques, et qui contribue à la fertilité du sol en le rendant plus riche, meuble et frais.
Faim d’azote : phénomène causé par une concurrence entre les micro-organismes et les plantes pour l’azote du sol. Pour décomposer la matière organique fraîche, les bactéries et champignons du sol ont besoin d’azote, et en consomment en quantité importante au début de la décomposition. Il n’en reste alors pas assez pour les plantes, qui souffrent momentanément de carence.
(1) https://librairie.ademe.fr/ged/9527/guide-comment-bien-pailler-jardin.pdf