Elles ont peut-être l’air inoffensives, mais certaines plantes cachent bien leur jeu ! En France, plusieurs végétaux figurent sur la liste noire des autorités, si bien qu’il est interdit de les cultiver chez soi. Plusieurs raisons expliquent cette interdiction : des substances hallucinogènes, des variétés exotiques envahissantes et dangereuses pour la biodiversité… Pour éviter de transformer votre jardin en laboratoire clandestin, voici les espèces végétales à bannir de vos extérieurs.
Cannabis & peyotl : des plantes interdites pour leurs propriétés psychotropes
Certains végétaux contiennent des substances stupéfiantes ou hallucinogènes : c’est pour cela que leur culture est interdite chez les particuliers. Vous pensez certainement au cannabis, et vous avez raison. Mais n’oubliez pas le peyotl, ce petit cactus venu d’Amérique du Sud !
Le cannabis : du chanvre psychotrope dans le jardin, c’est non !
Le chanvre est reconnaissable à ses feuilles palmées, composées de 3 à 11 petites feuilles (appelées folioles). Elles sont d’un vert intense à plus sombre. Mais retenez surtout qu’en fonction des variétés de chanvre, la culture peut être formellement interdite… ou autorisée sous certaines conditions, et uniquement chez des professionnels. Mieux vaut bien choisir ses graines !
- Le chanvre est cultivé pour ses fibres : elles sont utilisées pour fabriquer des textiles ou des matériaux isolants. C’est ce type de plante, qui ne contient aucune molécule psychotrope, que vous pouvez faire pousser sans crainte du gendarme.
- Lorsqu’il contient du cannabiol, ou CBD, le chanvre peut être cultivé par des professionnels dans un cadre commercial. Le CBD n’est, comme le précise le ministère de l’Économie et des Finances (1), « ni un stupéfiant, ni un psychotrope ».
- La culture de variétés qui contiennent du THC (tétrahydrocannabinol) est formellement interdite. C’est le cas du Cannabis sativa.
Le peyotl : un cactus aux propriétés psychoactives
Vous appréciez les cactus et les plantes grasses dans votre jardin ou sur un balcon ? Le peyotl, ou Lophophora williamsii, figure dans la liste des espèces végétales à éviter : il contient de la mescaline, une substance psychotrope. C’est ce qui explique pourquoi il est interdit en France (arrêté du 18 août 2004) (2).
Arborant une forme aplatie et dépourvue d'épines, ce petit cactus rond mesure entre 2 et 12 cm de diamètre et se pare de délicates fleurs roses ou blanches. Il met plusieurs années à atteindre sa taille adulte.
Les solutions pour adapter votre jardin au changement climatique
Ambroisie, pampa… avec ces plantes, la biodiversité est en danger et vous aussi !
D’autres espèces présentent des risques pour l’environnement et pour la santé humaine, notamment parce qu’elles sont fortement allergènes. Il s’agit de plantes exotiques, importées sur le territoire français, qui se sont révélées particulièrement envahissantes.
Les herbes de la pampa : des graminées à supprimer
Oubliez les herbes de la pampa. Ces plantes invasives n’ont plus « droit de jardin » chez vous. Depuis l’arrêté ministériel du 2 mars 2023 (3), la pampa est persona non grata en France.
Cette graminée, dont la longue tige se finit en touffe, a longtemps été recherchée pour sa touche « bohème chic ». Mais le Cortaderia selloana, venu d’Amérique du Sud, est une espèce exotique envahissante. Chaque pied propage des milliers de graines, et ces dernières sont particulièrement allergènes. Ainsi, la culture du Cortaderia selloana est interdite. Tout comme vous ne pouvez pas détenir cette herbe ni l’introduire dans des milieux naturels, sous peine d’amende.
- Il est recommandé de l’arracher, en coupant au préalable le plumeau pour éviter toute dispersion.
- Cette opération est à effectuer au printemps, avant la propagation des graines dès juin.
Bon A SavoirLe Cortaderia selloana est très répandu en Nouvelle-Aquitaine et dans les Landes. D’autres pays, comme l’Espagne et le Portugal sont aussi touchés par cette invasion.
De l’ambroisie ? Méfiez-vous des allergies !
Si l’ambroisie est interdite en France, c’est pour une très bonne raison : préserver votre santé ! Plusieurs variétés de plantes envahissantes, parmi lesquelles l’ambroisie à feuilles d’armoise, sont en effet responsables de fortes réactions allergiques. Pour limiter les rhinites, les conjonctives ou les crises respiratoires, l’éradication de l’ambroisie est obligatoire depuis 2017 (4).
L’ambroisie est originaire d’Amérique du Nord. Et pour limiter sa propagation dans les jardins, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) recommande plusieurs méthodes (5).
- Avant fin juillet, c’est-à-dire avant la période de floraison, munissez-vous de gants et arrachez les plants à la racine. Ceux-ci peuvent ensuite être apportés en déchetterie, ou se dégrader naturellement au sol.
- Entre juillet et septembre, c’est-à-dire lorsque l’ambroisie porte ses fleurs, il est recommandé de ne rien faire. Vous risqueriez de propager des graines en déplaçant les végétaux.
Bon A SavoirDans les zones agricoles aussi, la présence d’ambroisies a un impact : ces plantes exotiques limitent le rendement de certaines cultures (maïs, tournesol, soja…).
La crassule de Helms : elle asphyxie les plans d’eau
La crassule de Helms (ou Crassula helmsii) figure aussi sur la liste des plantes envahissantes interdites en France depuis l’arrêté de mars 2023 (3). Cette espèce exotique, importée d’Australie et de Nouvelle-Zélande, était à l’origine utilisée pour décorer des bassins d’ornement. Mais elle a surtout envahi les milieux humides ! Ses tiges fines poussent sous l’eau. Elles forment un véritable tapis vert, qui étouffe la flore et empêche la bonne oxygénation de l’eau.
Il s’agit d’une plante résistante et qui grandit rapidement. Son introduction est bien sûr interdite sur le territoire français. Et si elle pousse dans votre jardin, il ne faut pas attendre pour agir.
- Ces plantes exotiques doivent être arrachées en prenant soin d’ôter toutes les racines.
- D’autres méthodes sont possibles : vider un bassin, par exemple, pour assécher les crassules.
- Prenez garde à ne pas utiliser de produits chimiques : ceux-ci causent des dommages aux milieux aquatiques.
La jussie : une autre espèce aquatique envahissante
Comme la crassule, la jussie a été introduite sur le territoire français comme plante d’agrément. Avec les mêmes conséquences : un déséquilibre des écosystèmes aquatiques.
Cette espèce exotique se développe dans les milieux humides, aussi bien dans l’eau que sur les berges. Elle forme des herbiers très denses, qui étouffent et déséquilibrent l’écosystème local. Il existe deux variétés envahissantes, dont la commercialisation et la détention sont interdites (arrêté du 2 mai 2007) (6) :
- La Ludwigia grandiflora, ou jussie à grandes fleurs ;
- Et la Ludwigia peploides, qui se développe plus facilement sur terre.
Il ne faut pas les confondre avec la Ludwigia palustris, ou jussie des marais, qui est une plante locale.
Pour limiter la propagation de cette plante exotique envahissante, les tiges doivent être arrachées à la main, en ôtant la racine (le rhizome) sans le briser. Chaque plant de Ludwigia doit ensuite être mis à sécher, sans disséminer des fragments… sous peine de voir la jussie se développer ailleurs.
AttentionSelon l’article L411-4 du Code de l’environnement, l’introduction de ces plantes envahissantes dans des milieux naturels est un délit. Et à ce titre, vous courez le risque d’une amende (jusqu’à 150 000 euros) ou d’une peine d’emprisonnement (jusqu’à 3 ans). Mieux vaut éviter toute négligence : comme le dit l’adage, nul n’est censé ignorer la loi…
Sachez enfin qu'il existe également des plantes qui pourraient être interdites, mais dont la culture reste autorisée en France. C’est le cas de plantes toxiques comme la digitale ou la mandragore par exemple. Ou le pavot somnifère (pavot à opium) et l’absinthe : ces plantes contiennent des molécules qui, consommées à fortes doses, peuvent être dangereuses. Avant de choisir vos plantes, n’hésitez pas à demander des conseils aux professionnels !
(1) Economie.gouv.fr
(2) Arrêté du 18 août 2004 – Legifrance.fr
(3) Arrêté du 2 mars 2023 – Legifrance.fr
(4) Décret du 27 avril 2017 relatif à la lutte contre l’ambroisie - Legifrance.fr
(5) Anses.fr
(6) Arrêté du 2 mai 2007 – Legifrance.fr
